ABJ
Emeka Ogboh

ABJ
Emeka Ogboh

Attractive Abidjan
Lucie-Amélie Blocquaux

An Immersive Multichannel Installation Exploring the Culture, Economy, and Personal Stories of Migration in the City Abidjan, the economic hub and de facto capital of Ivory Coast, is a city shaped by the diverse backgrounds of its residents. This bustling metropolis has seen an influx of migrants from various places, especially North and West Africa, profoundly impacting its urban culture, cuisine, and music. These migrants, bringing with them a unique blend of traditional and modern influences, have turned Abidjan into a vibrant and dynamic melting pot of cultures. The city’s culinary scene reflects this diversity, offering a mix of African, Middle Eastern, and French flavours. Similarly, the music scene in Abidjan blends traditional West African rhythms with contemporary styles, creating a lively and varied soundscape. Moreover, the city’s fashion scene is a vivid combination of styles, where traditional African textiles and patterns meet modern designs, showcasing the creativity and multicultural influences of its residents. The project ABJ, named after the International Air Transport Association (IATA) code for Abidjan, delves deep into the rich culture and daily life of Abidjan’s residents, with focus on migration. It explores bustling markets, where people from all over Ivory Coast and West Africa converge, offering a unique view of the city’s social and economic dynamics. These markets are not just trading spaces but melting pots where cultures, languages, and traditions intertwine. In documenting the vibrant atmosphere of these markets, ABJ employs sound and film to capture the multiplicity of languages, the sounds of vendors, the haggling of customers, and the overall bustling ambience. This project particularly emphasizes personal interviews with both migrants and local citizens, exploring their stories and experiences in the context of Abidjan’s evolving cultural landscape. These interviews aim to provide a deeper understanding of the human aspect behind the city’s diversity. The immersive, multichannel installation of ‘ABJ’ promises a transportive experience, bringing visitors right into the bustling heart of Abidjan’s markets, where the vibrant sounds of commerce and interaction create a lively atmosphere. To deepen this experience, the installation includes in-depth interviews that provide rich insights into the lives of both immigrants and residents, revealing the intricate web of experiences that shape the city. Expanding its scope, ‘ABJ’ also features interviews with notable figures from various facets of Abidjan’s cultural scene. This includes fashion designers who artfully combine traditional African designs with modern fashion trends, chefs and restaurateurs who are at the forefront of the city’s unique culinary fusion of African, Middle Eastern, and French flavours, and street food sellers who embody the essence of the city’s diverse food culture. Additionally, the project spotlights musicians and music producers who blend traditional West African rhythms with contemporary genres, creating a distinctive soundscape that is emblematic of Abidjan’s dynamic culture. Influencers who play a key role in shaping the city’s cultural trends also contribute their perspectives, adding depth to the understanding of Abidjan’s vibrant community. A special focus of ABJ is on the national dish, Garba, a testament to the city’s cultural synthesis. Originally created by Nigerian construction workers in Abidjan, garba has been wholeheartedly adopted by Ivorians as one of their national dishes. This culinary phenomenon symbolizes the fusion of cultures and the acceptance of new influences in Ivorian cuisine. The project explores Garba’s journey and its significance in Abidjan’s culinary landscape through interviews with local food sellers, chefs, and enthusiasts who share their stories and connections with this beloved dish. ABJ offers a view of Abidjan, a city pulsating with the energy of diversity. The influx of migrants has not only enriched its urban culture, food, and music but has also fostered a dynamic, multicultural urban environment. This project aims to capture and convey the essence of this cultural melting pot, emphasizing the personal stories, artistic expressions, and the unique blend of traditions that define it. Through this immersive installation, visitors will gain a deeper appreciation of the rich cultural fabric of Abidjan, understanding how migration, adaptation, and diversity have been integral in shaping its identity.
Une installation immersive multicanal explorant la culture, l’économie et les histoires personnelles de la migration dans la ville. Abidjan, centre économique et capitale de facto de la Côte d’Ivoire, est une ville façonnée par les origines diverses de ses habitants. Cette métropole animée a vu affluer des migrants venus de divers endroits, en particulier d’Afrique du Nord et de l’Ouest, ce qui a eu un impact profond sur sa culture urbaine, sa cuisine et sa musique. Ces migrants, apportant avec eux un mélange unique d’influences traditionnelles et modernes, ont fait d’Abidjan un creuset de cultures vibrant et dynamique. La scène culinaire de la ville reflète cette diversité, offrant un mélange de saveurs africaines, moyen-orientales et françaises. De même, la scène musicale d’Abidjan mêle les rythmes traditionnels d’Afrique de l’Ouest aux styles contemporains, créant ainsi un paysage sonore vivant et varié. En outre, la scène de la mode de la ville est une combinaison vivante de styles, où les textiles et les motifs africains traditionnels rencontrent des conceptions modernes, mettant en évidence la créativité et les influences multiculturelles de ses résidents. Le projet ABJ, nommé d’après le code de l’Association internationale du transport aérien (IATA) pour Abidjan, plonge dans la riche culture et la vie quotidienne des habitants d’Abidjan, en mettant l’accent sur la migration. Il explore les marchés animés, où convergent des personnes venues de toute la Côte d’Ivoire et de l’Afrique de l’Ouest, offrant une vue unique de la dynamique sociale et économique de la ville. Ces marchés ne sont pas seulement des espaces commerciaux, mais des creusets où les cultures, les langues et les traditions s’entremêlent. En documentant l’atmosphère vibrante de ces marchés, ABJ utilise le son et le film pour capturer la multiplicité des langues, les bruits des vendeurs, le marchandage des clients et l’ambiance générale. Ce projet met particulièrement l’accent sur les entretiens personnels avec les migrants et les citoyens locaux, explorant leurs histoires et leurs expériences dans le contexte de l’évolution du paysage culturel d’Abidjan. Ces entretiens visent à mieux comprendre l’aspect humain qui se cache derrière la diversité de la ville. L’installation immersive et multicanal de “ABJ” promet une expérience de transport, amenant les visiteurs au cœur des marchés animés d’Abidjan, où les sons vibrants du commerce et de l’interaction créent une atmosphère vivante. Pour approfondir cette expérience, l’installation comprend des entretiens approfondis qui donnent un aperçu de la vie des immigrants et des résidents, révélant le réseau complexe d’expériences qui façonnent la ville. En élargissant son champ d’action, “ABJ” propose également des entretiens avec des personnalités de la scène culturelle abidjanaise. Il s’agit notamment de créateurs de mode qui combinent avec art les modèles africains traditionnels et les tendances de la mode moderne, de chefs et de restaurateurs qui sont à l’avant-garde de la fusion culinaire unique de la ville entre les saveurs africaines, moyen-orientales et françaises, et de vendeurs de nourriture de rue qui incarnent l’essence même de la culture alimentaire diversifiée de la ville. En outre, le projet met en lumière des musiciens et des producteurs de musique qui mélangent les rythmes traditionnels d’Afrique de l’Ouest avec des genres contemporains, créant ainsi un paysage sonore distinctif qui est emblématique de la culture dynamique d’Abidjan. Des personnalités influentes qui jouent un rôle clé dans l’élaboration des tendances culturelles de la ville apportent également leur point de vue, ce qui permet de mieux comprendre le dynamisme de la communauté abidjanaise. ABJ s’intéresse tout particulièrement au plat national, le Garba, qui témoigne de la synthèse culturelle de la ville. Créé à l’origine par des ouvriers nigérians du bâtiment à Abidjan, le garba a été adopté sans réserve par les Ivoiriens comme l’un de leurs plats nationaux. Ce phénomène culinaire symbolise la fusion des cultures et l’acceptation de nouvelles influences dans la cuisine ivoirienne. Le projet explore le parcours du garba et son importance dans le paysage culinaire d’Abidjan à travers des entretiens avec des vendeurs de produits alimentaires locaux, des chefs et des passionnés qui partagent leurs histoires et leurs liens avec ce plat bien-aimé. ABJ offre une vue d’Abidjan, une ville vibrant de l’énergie de la diversité. L’afflux de migrants a non seulement enrichi sa culture urbaine, sa nourriture et sa musique, mais a également favorisé un environnement urbain dynamique et multiculturel. Ce projet vise à capturer et à transmettre l’essence de ce creuset culturel, en mettant l’accent sur les histoires personnelles, les expressions artistiques et le mélange unique de traditions qui le définissent. Grâce à cette installation immersive, les visiteurs pourront mieux apprécier la richesse du tissu culturel d’Abidjan et comprendre comment la migration, l’adaptation et la diversité ont contribué à façonner son identité.
Bienvenue à Abidjan, ville de brassage, bouillonnante, vive et créative ! Ville cosmopolite, à l’image de la Côte d’Ivoire, Abidjan se nourrit des influences des peuples venus d’ailleurs, qui représentent environ 25% de la population du pays. Ancienne ou récente, cette immigration provient principalement d’Afrique de l’Ouest, du Nord, d’Europe et du Moyen-Orient et a enrichi la culture culinaire, musicale et vestimentaire ivoirienne. Sur le plan musical, dans les années 1970, l’Orchestre de la Radiodiffusion-Télévision ivoirienne illustrait parfaitement cette diversité : dirigé par Manu Dibango, il a vu éclore des talents tels que Salif Keïta, Mory Kanté ou encore Amadou et Mariam. D’ailleurs, à Abidjan, où l’on trouve à manger à toute heure, alloco, gboflotos, attieke, poisson et poulet braisé côtoient tchep, choukouya, chawarmas et autre garba, sans distinction. Les marchés reflètent aussi cette diversité, et en particulier celui de Treichville, commune souvent qualifiée de petite CEDEAO. Clients et vendeurs de toutes origines s’y croisent et y échangent. Bienvenue à ABJ ! Intitulée en référence au code IATA qui désigne l’aéroport d’Abidjan, la nouvelle œuvre d’Emeka Ogboh rend hommage à cette vivacité de la capitale économique ivoirienne, à travers des entretiens avec des résidents, qu’ils soient originaires de Côte d’Ivoire ou d’ailleurs. Par cette installation immersive, il nous plonge dans l’expérience sensorielle totale que représentent les marchés : interpellations des vendeurs, négociations des clients, musiques diverses ; couleurs vives et vibrantes des étals ; odeurs puissantes d’épices, de grillades, de volaille vivante ou de poisson fumé ; fruits et légumes, tissus, et autres bijoux que vous pouvez soupeser, tâter, essayer, sont retranscrits à travers le son et la vidéo. Pour illustrer davantage cette fusion culturelle, ABJ retrace le parcours du garba. Créé par des ouvriers nigériens du bâtiment, ce plat qui reflète la fusion des cultures et l’acceptation des influences étrangères dans la cuisine ivoirienne, occupe une place importante dans le quotidien des ivoiriens. Ils y sont attachés au point que le garba est petit à petit devenu un plat national, qu’il soit consommé au « garbadrome » du quartier, ou dans des versions revisitées et plus luxueuses dans de grands hôtels ou restaurants. Avec ABJ, Emeka Ogboh célèbre les apports à la culture ivoirienne de ceux qui, qualifiés de migrants par les uns et de diasporas par les autres, ont déposé leurs bagages en Côte d’Ivoire, de façon plus ou moins durable. Des bagages que l’on retrouve au cœur de l’installation d’Emeka Ogboh. Qu’on les nomme sacs Tati, « Ghana-Must-Go », ou par toute autre appellation qui leur est attribuée selon le lieu où l’on se trouve, ces sacs emblématiques des migrations africaines servent de support aux projections. Suspendus, comme pour illustrer une immigration nouvelle qui doit encore trouver ses marques dans son pays d’accueil, ils trouvent ensuite leur place au sol, s’imbriquant avec des sacs noirs, caractéristiques de la diaspora qui commerce avec son pays d’origine et y retourne chargée de marchandises diverses. Cette mosaïque, à l’image de la société ivoirienne, reflète le vivre-ensemble qui la caractérise. Les bagages de ceux qui ont quitté leur pays, que ce soit pour des raisons économiques, familiales, ou pour fuir une situation politique et sécuritaire critique, illustration physique d’un patrimoine culturel et émotionnel que leurs propriétaires emportent où qu’ils aillent, se mêlent à ceux du peuple qui les accueille. Terre d’hospitalité, la Côte d’Ivoire entretient toutefois une relation complexe à son immigration : tantôt encouragée, lorsqu’il fallait faire face à une pénurie de main d’œuvre dans le domaine agricole, tantôt dénigrée et accusée de nombreux maux lorsque le pays s’est enfoncé dans des crises politico-militaires. Pourtant, la Côte d’Ivoire serait-elle aujourd’hui cette puissance économique et culturelle sans ces « frères » qu’elle a accueillis « avec un humanisme à l’africaine, empreint de fraternité », selon les termes de Félix Houphouët-Boigny ? Aujourd’hui, elle accueille près de 34% des migrants d’Afrique de l’Ouest. Alors que sa représentation dans les médias a tendance à amplifier le phénomène de la migration de l’Afrique vers l’Europe, à l’échelle mondiale les Africains ne représentent que 14% des migrants, contre 41% venant d’Asie et 24 % d’Europe. 80° % d’entre eux rejoignent un autre pays du continent. Terre d’accueil, la Côte d’Ivoire devient de plus en plus une terre de départ. Fin 2023, elle a tristement refait parler d’elle à cause du nombre élevé de ses ressortissants, avérés ou présumés, arrivés de façon illégale sur les côtes européennes. Selon les données de l’agence Frontex, contestées par l’Etat ivoirien, plus de 16 000 Ivoiriens auraient débarqué sur les côtes méditerranéennes au cours de l’année 2023, plaçant la Côte d’Ivoire parmi les cinq principaux d’origine des migrants en situation irrégulière en Europe, après la Guinée (18 335) et la Tunisie (17 412). Ce constat ne doit toutefois pas occulter le fait que la Côte d’Ivoire demeure un pays attractif, comme nous le rappelle Emeka Ogboh avec ABJ. Cette valorisation du pays est une invitation à nous concentrer sur ce qu’il offre de meilleur, et sur ce qui devient le bagage commun de la Côte d’Ivoire : sa richesse culturelle, son hospitalité, ses opportunités économiques et sa gastronomie ! Franco-Ivoirienne, installée à Abidjan depuis 2013, Lucie-Amélie Blocquaux travaille pour des institutions internationales. Elle s’occupe principalement de projets liés à la prévention de la migration irrégulière, et à la réintégration de migrants ivoiriens de retour.